Note 3 RACVD
« Plus un être vivant est vieux, plus son espérance de vie diminue. En ce qui concerne les objets, c’est tout le contraire. En effet, plus ils sont anciens et plus il est probable qu’ils deviennent encore plus anciens. Celui qui réhabilite un bâtiment ou poursuit sa construction, intervient au niveau de cet accroissement de valeur ». Die Kunst des Bewahrens, 2020
Une ville et ses bâtiments se modifient en permanence, et avec elles, leur utilisation, leur signification et leur interprétation.
Initialement conçu pour offrir des espaces d’activités à la vie estudiantine de la Maison des Étudiants, le programme du bâtiment datant de 1964, portant le nom de l’architecte Henry Collomb, et classée avec la note 3 dans le recensement architectural du Canton de Vaud, prévoyait une bibliothèque au 2ème étage, une ludothèque au 1er étage et des commerces au rez-de-chaussée. L’affectation actuelle cache sous des nombreuses strates d’ajouts le programme d’origine.
A une époque où les matériaux se raréfient, l’approche choisi a été celui de transformer. Autre qu’à conserver la grande quantité de matière première et d’énergie grise stockés dans l’existant, une partie de notre culture du bâti, les acquis anthropologiques et conceptuels ainsi que les valeurs idéelles, ont pu être sauvegardées.
Dans ce contexte, il ne s’agit pas uniquement de rénovation énergétique et de préservation de ressources, mais également de réaffectation en tant que réponse économique et écologique adéquate à l’entendu du patrimoine existant. Le fait de conférer une fonction différente de celle prévue à l’origine, exige, d’une part une mise à jour des qualités cachées du bâtiment, dans une recherche continue entre archéologie et chirurgie, et d’autre part, d’intégrer tout au long du processus de planification, une idée élargie de paternité du projet.
Si le 2ème et le 1er étage accueilleront des locaux administratifs liés aux activités du pôle hospitalier en plein essor, le rez-de-chaussée prévoit l’hébergement d’un petit commerce pour l’économie locale et des salles d’étude et d’activité de la maison des étudiants. Au niveau urbain, une ouverture des aménagements extérieurs a été projetée afin de relier les espaces commerciaux et d’habitation limitrophes, récemment construits par la Ville de Lausanne, à la grande terrasse de la Maison des étudiants, en contre-bas, direction falaise.
Le signe le plus visible de cette réhabilitation de la substance, réside dans l’aspect extérieure. La tentative d’identification de la nature profonde du bâtiment, objet de l’intervention, porte sur une traduction architecturale de notre époque. Des nouvelles façades, des mêmes proportions que l’existant, intègrent les éléments de parement d’origine simulant un aspect d’ardoise. Les bandeaux horizontaux sont redessinés en béton préfabriqué afin de conserver la masse caractéristique de cet ouvrage ; leur dessin permet d’élancer la construction et d’occulter les installations techniques en toiture.
A l’intérieur, la substance du bâtiment ainsi que les matériaux présentant un bon état de conservation, sont préservées. L’escalier hexagonal en Terrazzo anthracite est restauré et remis aux normes. Le puit de lumière de l’escalier hexagonal est conservé.
La continuation d’histoires latentes dans le tissu urbain et dans le bâtiment, offre la possibilité de poursuivre la narration de ce morceau de ville. Cela conduit à un récit sans fin.
Architecte
Studio Lausanne architecture
Vittorio Fragasso, Clara Ordóvas Sierra, Tiphaine Monier, Mathieu Jaumain, Corentin Bonnardon
Ingénieur civil
Jean Paul Cruchon et Associés
Maurice Perruchod, Luca Bortolotti
Ingénieur façades
Préface Sàrl
Gino Angelini, Mathieu Delacretaz
Ingénieur physique du bâtiment
Blaser Énergies
Ingénieur CVC
Blaser Énergies
Ingénieur acousticien
AER Ingénieurs acousticiens
Spécialiste amiante
HSE Conseil SA